Au rythme du virus
Par ces quelques lignes nous souhaitons garder le lien avec chacun d’entre vous, matérialiser que la vie continue, autrement certes, mais elle continue.
Nos établissements accueillent en ce moment en moyenne 88 enfants de personnels de santé. Que les Chefs d’établissement et leurs équipes, personnels OGEC et enseignants mobilisés en soient sincèrement remerciés.
Malheureusement, les jours qui s’annoncent vont voir arriver un afflux de demandes du fait de l’augmentation du nombre de cas, de la sur-mobilisation de nos « blouses blanches » mais aussi très probablement de la prochaine mobilisation des professionnels des secteurs stratégiques ainsi que des forces de l’ordre et donc de la nécessaire prise en charge de leurs enfants.
Il faudra donc dans chaque communauté éducative qu’il y ait une véritable prise de conscience des personnels et enseignants, qui sont à ce jour « à domicile », pour venir épauler et renforcer leurs collègues.
Notre présence dans ces moments critiques et notre participation à l’effort national ne se discutent pas.
Les Chefs d’établissement auront la lourde responsabilité de rappeler si besoin chacun à son devoir si le vivier des volontaires venait à se tarir. La règlementation le prévoit au-delà de la sollicitation initiale des seuls volontaires.
Une réflexion est aussi à mener sur l’optimisation de notre offre d’accueil et les Chefs d’établissement vont travailler ensemble sur cette question.
Cette épidémie révèle, comme toute crise, ce que la nature humaine a de meilleur. Elle peut aussi éclairer sur les comportements plus individualistes, moins responsables de certains. C’est une réalité qu’il nous faut affronter. Mais qu’est-ce qui est plus beau que de se dévouer pour ceux qui n’en ont pas conscience ! Je les laisse méditer la quatrième entrée du Décalogue de Saint Jean XXIII :
« Rien qu’aujourd’hui, je m’adapterai aux circonstances, sans prétendre que celles-ci se plient à tous mes désirs. »
Elle met aussi en lumière une autre réalité. Il est savoureux de revenir sur notre vision du numérique et de ces différentes prothèses qui nous encombrent… mais dont nous ne savons pas nous passer ! Jusqu’à une date récente, la tendance à se réfugier derrière les écrans, à avoir des « amis » que l’on ne rencontrerait jamais, à textoter au lieu de se parler en face-à-face était à juste titre critiquée, vue comme une cassure du lien social, humain, comme un monde factice et volatile.
Aujourd’hui, dans les circonstances actuelles du confinement, ce sont des outils et moyens qui entretiennent réellement ce lien entre les individus, qui leur permettent dans leur isolement d’échanger, de partager avec ceux que l’on n’a plus le droit de rencontrer, de se détendre, de rire, de tout et de rien, de critiquer aussi, de faire du mauvais esprit… ou du bon … bref d’être vivant et Français !
Dans la région, nous sommes bien placés pour évoquer l’histoire. Les grandes épidémies sont souvent arrivées par la Méditerranée. Le confinement était extrême. Des murs ont été construits pour endiguer la Grande Peste. Le guet rôdait en permanence. Les mesures préventives étaient infiniment plus brutales à une époque où les connaissances scientifiques n’étaient pas les mêmes. Comment faisaient nos ancêtres dans les mêmes situations ? Ils étaient généralement désespérément seuls ! Ils ne pouvaient espérer que dans le dévouement d’une poignée, de saintes personnes, qui n’avaient aucun de nos moyens de se coordonner. Alors, aujourd’hui, on devrait y parvenir aussi.
En ces temps troublés, notre force puise ses racines dans nos convictions, dans notre éducation, dans notre nourriture spirituelle, dans notre Foi. Je voudrais vous partager la joie que j’ai d’être dans un diocèse d’une grande réactivité et modernité où la force spirituelle est une priorité, où les messes sont diffusées en ligne en direct et où de nombreux prêtres utilisent les moyens numériques pour apporter continuité de la pratique religieuse, nourriture de l’âme et soutien à leurs paroissiens. Merci à eux.
L’Espérance nous guide et nous accompagne, soyons-en sûrs.
Xavier PION
Directeur diocésain