Pourquoi l’épidémie de COVID fait à ce point bouger les lignes ? Toutes les lignes ?

Cette crise sanitaire est un « révélateur » qui met en lumière certaines « zones » restées inconnues de nous-mêmes, de nos limites, de nos ressources. La peur semble être l’émotion dominante face à la crise Covid 19 ; même si elle n’est pas toujours reconnue, admise, car il est difficile d’accepter nos limites non perçues jusque-là.

Lors de la rencontre du 2 juin, des personnes venant d’horizons professionnels différents, se sont réunies pour évaluer la mise en place de cellules d’écoute.

Voici les grands thèmes qui ont été travaillés, questionnés…

Le domaine politique

Les informations données un jour puis contredites le lendemain, et à plusieurs reprises, ont pu augmenter l’effet anxiogène de cette crise. 

Face à une situation complètement nouvelle, il est de toute façon complexe de savoir quelle est la meilleure conduite à tenir au jour le jour. Seule la lecture a posteriori permet une analyse.

Notre gouvernement a fait des choix qui ont eu un impact sur notre vie au quotidien : confinement drastique pour certains, télétravail pour d’autres, aides fiscales aux entreprises, déconfinement progressif, accueil partiel des élèves…

Des familles ont été fortement impactées sur le plan financier, par le décrochage scolaire, l’organisation mouvante, etc.

La polémique ne fera pas avancer le « schmilblick ». Par contre, les enseignements qu’il faudrait tirer de la crise nous seront bien utiles si une deuxième pandémie survient.

Le domaine de l’organisationnel

De nouvelles façons de fonctionner se sont imposées dans nos établissements :

Télétravail pour tous, continuité pédagogique, attention particulière pour les élèves « décrocheurs », accueil des enfants de personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire, prévention au sujet des gestes barrières, effectifs réduits lors de la reprise progressive…

Les règles de déplacement ont changé, les locaux sont  désinfectés plusieurs fois par jour ; le personnel s’adapte à toutes ces nouvelles contraintes. Les établissements ont dû établir de nouveaux budgets. 

L’espace est à repenser : distanciation des bureaux, flux des élèves, salle de pique-nique, interdiction d’avoir de la mise en commun du matériel pédagogique.

Il nous faut vivre ensemble mais à distance.

Cette organisation est rendue possible par les beaux jours et l’utilisation d’espaces extérieurs… Et si l’épidémie revient cet automne ou cet hiver, comment anticiper cette éventualité ?

Le domaine de l’éducation

« L’œil du professeur »

Pendant le temps du confinement, les parents ont pris conscience des réalités du programme scolaire et de la difficulté de la mise au travail de leurs enfants.

Cette situation a-t-elle permis une revalorisation sociale du métier d’enseignant ? En partie mais peut être sur une courte durée car dès la réouverture des écoles, l’exigence éducative et institutionnelle a repris son droit.

La pression exercée sur certains enseignants vient se conjuguer à une juxtaposition entre continuité pédagogique en présentiel et en visioconférences. Cela demande d’anticiper et d’adapter les contenus, d’organiser un enseignement pour tous.

Ces nouvelles exigences (contraintes) ne vont-elles pas modifier, le choix des supports pédagogiques (achat de manuels ou de fichiers) pour la rentrée prochaine ? Et ces modifications satisferont-elles l’exigence de certaines familles ? Ne vont-elles pas creuser l’écart entres les élèves ? Où sont désormais nos priorités dans l’Enseignement Catholique ?

Le domaine psychologique, social, relationnel

La crise Covid est une double peine.

Il s’agit d’une maladie qui peut tuer physiquement et avoir un fort impact psychologique dont on ne se rend pas compte à court terme.

Ce virus est invisible, et pour nous en protéger, nous devons cesser les contacts physiques qui sont eux les signes visibles de notre humanité.

Empêcher le contact physique est « mortifère », il suffit de relire les travaux de Spitz sur l’hospitalisme* pour le comprendre.

Pendant les cellules d’écoute, la plupart des enfants disent avoir peur de transmettre la maladie à leurs parents et grands-parents. Présenter l’une des 2 BD sur le Covid pour les élèves de primaire pourrait apaiser les peurs excessives évoquées par les enfants Coco le virusLe COVID 19 expliqué aux enfants

Paradoxalement, le confinement a créé une bulle de sécurité qu’il est parfois difficile de quitter.

Mais s’arrêter là serait oublier la capacité de résilience de chacun = aptitude à rebondir en s’étant enrichi, en ayant grandi et développé des ressources insoupçonnées jusque-là. D’ailleurs le mot « Crise » en mandarin ne signifie-t-il pas danger et opportunité de changement ?

En guise de conclusion provisoire :

Face à tous ces bouleversements qui concernent directement l’école, des cellules d’écoute ont été mises en place dans certains établissements à destination des élèves et des adultes.

Pour les élèves qui ont quitté l’école depuis mi-mars,  faudra-t-il remettre en place ces cellules en septembre ?

Dans ce cas, serait-il judicieux de proposer à nouveau la formation aux nouveaux écoutants ?  

Ces questions et les précédentes nous permettent de rester en posture de veille.

Article rédigé à 10 mains : Caroline, Audrey, Maryse, Maylis, Dominique, Marlène, Marie-Laure, Céline, Magali, Catherine.

* Hospitalisme

Dès les années 1945, à la fin de la guerre, Sptiz a étudié des nourrissons orphelins, abandonnés, placés dans des institutions. Ils dépérissaient puis mourraient après quelques mois, malgré le fait d’être soigné (sur le plan médical) et nourri (sur le plan alimentaire).

Il a constaté que les bébés, à qui on prodiguait en plus des contacts physiques (pris dans les bras) et relationnels (leur adresser la parole, les solliciter, les stimuler), survivaient et avaient un développement global correct.

La carence affective a de graves répercutions sur le développement des enfants.

L’interdiction de contacts physiques en lien avec le Covid peut également être préjudiciable pour le développement des jeunes enfants.